terre vierge

Publié le 6 Janvier 2017

Une étrange parenthèse s'est ouverte pour ne pas se refermer de sitôt

une parenthèse qui ouvre sur l'essentiel, où se glisse peu à peu ce qui existait avant.

Depuis la vague qui m'a submergée à la naissance du petit être, la vie est venue me surprendre, chaque instant a changé. Etant si amoureuse de nature, je ne me doutais pas que s'ouvrirait ainsi à moi une nouvelle dimension de l'amour - inépuisable, éternel et absolument gratuit- une porte dans l'absolu.

On a mille fois dit et on dira encore et on ne réussira jamais à dire ce que c'est que de voir la vie sortir de soi, la toucher, la sentir, la bercer, l'accompagner, de jour de nuit, dans ce voyage que nous commençons ensemble.

Les doigts sur le carnet sur le clavier butent sur la difficulté : tout peut s'écrire, scientifiquement, poétiquement, trivialement, tout peut s'écrire, bien, mal, mais face à cette intensité qui fait du quotidien un bouleversement continu je me sens tout à coup si peu capable, si démunie, si peu écrivain, mais tellement...

mère.

quel courage il me faut pour accepter ce mot qui masque de son affreuse banalité l'étendue de ce que je ressens. C'est pourtant cela non? Ce doit être cela. Accepter avec joie que l'extraordinaire que je vis dans ma chair je le partage avec une grande partie des femmes de l'humanité depuis la nuit des temps

que quelque chose d'unique, à présent, malgré nous, nous lie.
 

Le petit corps âme qui grandit est aussi mon guide vers une autre dimension de moi. Le mélange des peaux, des chaleurs, des odeurs, la sensation de battre à deux coeurs et l'ivresse d'être pour-autrui. Je ne suis jamais seule. Cette fin de la solitude je la redoutais, et pourtant, elle me grise  (Parfois la nuit je devine ses yeux ouverts dans le noir j'ouvre les miens en miroir regards dans la pénombre, nous nous sourions, nous baillons et plongeons dans un sommeil lactescent de rayons et d'ombres.) (et si je ne me rendors pas, c'est le démon de l'insomnie mais c'est aussi l'émotion de regarder encore les contours de son visage. Le temps passe, vite, doucement, et je n'en reviens toujours pas.)

Nous frayons ensemble, et à trois, ce chemin inconnu, appuyant nos épuisements l'un contre l'autre contre l'un pour les fatiguer

Un chemin vers un monde odieux, indigne

et hospitalier de nouveau

- ce prodige serait la vraie explication de la perpétuation de la race, de l'obstination à se prolonger en quelqu'un d'autre quand autour tout semble agoniser et se vider d'âme?

comme si chaque être qui venait à la lumière nous rendait le monde habitable

 

 

Rédigé par Métie Navajo

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