installation "mon corps étranger" : ma cuisse à Toulouse...

Publié le 22 Mars 2009

D'abord Toulouse ; un enchantement tout tendu de rose (parfois jaune, parfois bleu...) s'ouvre au corps étranger de la parisienne.

les regards se noient dans le large cours de la Garonne, si sauvagement paisible...

L'ancien château à eau de briques roses reconverti théâtre, s'appelle ainsi, simplement : Garonne. Les murs abîmés  aux grandes fenêtres couvertes de drap blanc, pour empêcher la lumière,





accueillent deux fois le cycle de la cuisse brûlée... (la chair repousse). M'essayant à projeter l'image sur une grosse faille, je m'émerveille de voir la cicatrice du mur entrer la cicatrice de la jambe, le coin d'un drap formant pansement sur image pansement :




moi qui avait peur que mon corps étranger soit trop propre et lisse pour un lieu si brut... Finalement la cuisse se comporte bien,




sur la toile des murs projetée
se fissure se craquèle se panse et se reconstitue admirablement
(est-elle belle cette cuisse tout de même)


Tout le long des essayages, les regards perplexes d'étudiants venus filer un coup de main à l'installation; des techniciens...
C'est gore quand même finit par lâcher le stagiaire... Le directeur technique dissimule sa consternation derrière ses compétences professionnelles... Mais on s'entend bien, il se dédie donc à l'accrochage autrement plus délicat de l'imagerie médicale. Un calvaire : une vingtaine de radiographies tendues depuis un plafond de 10 mètres de hauteur pour  former le portique qui délimite
l'entrée dans l'espace intérieur... (je suis au vestibule de moi-même...)

Au bout de la diagonale ouverte par le portique, Lise en négatif, d'où coule le torrent des papiers (ordonnances, posologies, etc), traces d'une existence médicale.... j'ai pu accrocher La belle Lise en négatif sur la potence...




dans l'autre coin la bande sonore, le cv médical entremêlé au corps intérieur.

Vernissage : je parle du corps normal du corps social du corps national (du corps chinois), du détournement de l'imagerie médicale et de l'émerveillement devant la chair qui repousse...

commentaires :


(un artiste québecois): tu as bien parlé, tu as très bien parlé...

(un pique-assiette) : ah oui, c'est sympa hein...

(la dépressive hyperactive déjà complètement soule) : Ah mais alors... J'en reviens pas de ce que tu fais toi... qu'à l'air toute timide mignonne comme ça... non mais, qu'est-ce que t'étais mignonne là à parler là devant tout le monde... on dirait une petite indienne je me suis dit... Tu sais que tu ressembles à une petite indienne?... (plus bas) moi aussi je pourrais t'en raconter hein... de tout ce que j'ai vécu... moi aussi le corps... si tu savais....demain au petit déjeuner je te raconterai...

(j'ai oublié qui): Tu devrais lire un livre qui s'appelle la plaie et le pus (quelque chose du genre... Beurck)


(l'ésseulée de Toulouse qui se cherche en moi) : mais alors depuis 2004, rien? [mon cv médical s'interrompt à cette date] Il t'est plus rien arrivé après 2004... ?

ça me fait rire... Non. Rien. Rien à signaler. Tout de même : une splendide petite radio des poumons ramenée en souvenir du Mexique... Nada mas...


la seule personne qui écrit son CV médical ce soir là (soir de vernissage il y a mieux à faire au buffet...) finit par
"j'aime ma vie dans mon corps"




c'est un bon mot de fin.


Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #installation mon corps étranger

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