bonheur (rose nazi)

Publié le 31 Mai 2009



Coucher de soleil rose éblouissant entre les deux tours de Notre-Dame. Pont d'Austerlitz, je regarde la grosse boule descendre, l'écho de ses rayons sur les immeubles modernes, sur la Seine.

J'écris en marchant, en pédalant, il fait doux, l'écho des rayons sur moi  : j'irradie de nouveau et vois de belles personnes, le monde sous mes yeux se transforme, ses cruelles laideurs ne s'enfoncent plus en ma grisaille intérieure, les yeux autres me regardent, me sourient... Dans mon ventre grossit la petite boule chaude du désir.


(j'ai encore joie de vivre? mais combien de temps...?

140 ans peut-être...)

(140 ans d'enfant fou andalou).

Je vis dans un Etat nazi. Le contrôle des marchandises humaines, la surveillance, une voiture sur quatre (je ne m'abaisserai pas à d'exactes statistiques...) dans mon paysage est policière. Sans parler des corps. Sans parler des esprits.


(caméras, surveillance, fouilles, contrôles, pass puces bancaires et téléphoniques, ô la pulpe de mes petits doigts et ma rétine capturée... )



Je me sépare de l'état nazi et regarde l'Histoire... (Je comprends l'histoire comme je comprends la géographie, en m'y déplaçant...): elle se marre (l'âpre comédie....)

Pont d'Austerlitz. Eblouissement rose entre deux tours. J'aime l'indignation à hauts cris, le courage, j'aime la tendresse de mes interstices (Little Emily et Alice les appellent bulles -bonheur fragile-... qui à quelque déchirure du vent éclatent en un petit pop léger...) L'heure d'été rendue le soleil s'étire à l'infini, ma solitude se gonfle de bonheur, je me dis à quoi ça tient hein, hier je me recroquevillais dans le gris, les cruelles laideurs du monde me bouffaient tout l'estomac, aujourd'hui

je rayonne,  je joue avec ces instants sont si rares et nombreux, bientôt finis et infiniment à disposition, flottants quelque part, prêts, sous la déchirure de l'hiver; à éclater en
un pop léger...

je ris, de mes angoisses, de mes rires, alors je découvre qu'
ullas (ullasati) ne veut pas seulement dire briller et irradier; pas seulement se manifester, apparaître (!) mais aussi
danser; jouer et être joyeux...
j'en suis émue.

Danse des mots et de la vie,
mon bonheur rouge descend entre deux tours, énorme, au vu de tous, sans que personne n'essaye de me l'ôter
sans que personne n'ose même
le regarder.

 

 

Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #journal parisien

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