au détour des beautés

Publié le 30 Décembre 2009


 En chemin vers l'ocean; une halte dans la ville. Venue sans rien, c'est à dire sans images toutes faites, elle se laisse suprendre: les beautés surgissent aux détours des rues: Seville aux splendeurs tranquilles, de la cathédrale à la plaza de toros, un regard les jardins de l'Alcazar, jusqu'aux bords de l'Oued-el-Kabir au large cours, gorgé d'eaux vertes en ces temps d'inondations... La ville trempée miroite sous les rayons blancs, elle lève les yeux : deux étages séparés par une ligne bien nette : l'azur limpide sous le lourd manteau de nuages gris noir :  il y a deux ciels, deux lumières, quatre saisons  en même temps....  De repente la pluie s'abat diluvienne et fait  glisser les pieds sur la pierre. Elle court dans les vapeurs colorées.

Le seul fait de prononcer Guadalquivir ravit la bouche; elle se souvient maintenant : Sevilla était un rêve. Aujourd'hui il est matière: les oranges d'hiver tombent des arbres et roulent sur les pavés, au printemps, lui dit-on, la ville se parfume d'azahar.

(Beautés d'Al Andalus déjà croisées au Maroc, la Torre de oro et la Giralda clignent vers la kasbat des Oudaia de Rabat; derrière elle le minaret des libraires de Marrakech...)

Elle quitte le dehors : accoudés aux comptoirs d'étain les habitants assoupis devant leur verre de bière, au petit marché couvert un cafe con leche et un toast imbibé d'huile d'olive (la meilleure du monde, évidemment) frotté d'ail et recouvert de tomate. Une petit musique mexicaine s'élève doucement dans l'esprit. 
 
Mais il est temps déjà de gagner la mer; la voilà à courir pour ne pas rater l'autobus, les minuscules ruelles glissantes souvent s'arrêtent au milieu du chemin devant une facade majestueuse, à son passage un petit panneau décoré de la vierge tombe poussé par le vent brutal, elle dit : se escapa la virgen!  et le vendeur de journaux s'esclaffe répetant avec bonheur : se escapa la virgen, bien dicho! bien dicho! puis les cactus hérissent  les bords de l'autoroute et le soir una banda de garcons répètent  leurs théâtrales chansons du fameux carnaval avec toute l'énergie et la joie de leur coeur (comme sont rares les lieux où l´'on chante encore, pense-t-elle;  vieux continent presque aphone aux bouches édentées...).

C'est Cadiz, la ville bordée d'océan..  

(sur la route elle s'était réveillée au miroitement de l'eau où barbotent les maisons 
l'océan se déborde
de l'autre côté des oiseaux métalliques aux serres plantées dans la terre survolés par un véritable vautour, des gigantesque moulins blancs plantés dans le ciel qui moulent rien d'autre que l'air
- et que Don Quichotte abattrait d'un coup de lance -  )


Le lendemain matin l'océan gris mousse et bouillonnne
un coup sec de soleil éblouit le paysage, la pluie s'abat chassée d'un souffle, vient l'arc-en-ciel avalé par le soleil la pluie s'abat le ciel est bleu noir et gris; 
Elle s´'arrête pour regarder l'avancée de la ville dans l'eau; "île flottante" pense-t-elle, mais toutes les îles flottent-elles pas? c'est un garcon au coeur de nuage qui lui écrivit ca il y a peu, c'est donc qu'un mirage qui flotte dans les vapeurs d'eau s'appelle une île...

- et si elle était elle-même une île, serait-elle pas celle de Sancho Panza?
Barataria... -

Il avait suffi que ce soit écrit une fois pour que tout le paysage se mette à flotter dans une lumière d'argent.

Les accents graves et aigus des garcons de  joie arrivent au Mexique portés par un souffle, le zapatear du son jarocho devient flamenco, la bière coule à flots ennuyeux dans les éternels bars où il y a obligation de s'amuser , la noche vieja finissant aux cloches tonitruantes de la cathédrale le nouveau jour commence dans l'eau vaste de l'ocean...


Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #nomsdefleurs

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L
<br /> En la escuela en México se aprende un poco de la historia de la Madre Patria. En mi primer viaje, y en los que le siguieron, cada vez que me hallaba en miticos lugares como el casco viejo de<br /> Sevilla, en Despeñaperros, o en la Vieja Castilla, me estremecia de emocion, la emocion del déjà-vu. Es innegable que Andalucia y Sevilla en particular, para mi, se ubican en la cinta de Moebius de<br /> la Historia; ahi yo veo que la existencia es solo una maqueta, juguete de Doña Historia... que ahi no existe lo Ungebahnt.<br /> <br /> Gracias a tus letras veo con tu ojos. Gracias, morena.<br /> <br /> <br />
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