envol

Publié le 10 Décembre 2012

Je crochète les bras en croix d'un homme parapente. Il prétend par d'énormes coups de reins s'élever dans les airs, sans profiter de l'élan d'un saut d'ange depuis une hauteur, comme précédemment, où il se jetait de la falaise vers l'étendue noire d'un étang stagnant (bizarrement je ne me souviens déjà plus des émotions qui me submergèrent sans doute durant ce vol plané). Il essaye encore, je sens la violence du mouvement dans son corps, nous retombons. Ses amis (sont-ils ses amis? Ils ne sont pas les miens en tout cas) se moquent. Lui aussi a un rire mauvais. Il porte un pull noir au col camionneur, en matière synthétique, qui pluche (maintenant que je le décris il me semble voir là l'écho d'un lointain ami de lycée). Comment croire que l'on va se propulser ainsi avec un corps d'homme? Se prendrait-il pour une fusée? Il faut plonger. Et moi? Moi? Je crois que j'ai un peu peur.

J'avale ma vue, autrement dit mes yeux se révulsent et je regarde dedans, je la contemple (ma peur). 

Elle est petite. Elle diminue au rythme des battements de mon coeur qui tout à coup bondit au son hérisson du 5h45 qui cactuse mes tympans (mon ouïe dormait dehors).Ma poitrine explose. Je me suis écrasée au bout du tunnel de l'insomnie.


J'ai dormi une petite dizaine de minutes dans les airs, un rêve d'opium (pavot coquelicot), maintenant je flotte sous l'eau brûlante et glacée, je flotte dans les rues de Paris brillantes de la première neige de l'hiver (la neige ne brille pas, elle fait scintiller l'air) les couloirs du métro. Arrivée au cauchemar saint-lazare (pas tout à fait réveillé encore), mes pas commencent à toucher le sol, je marche. Puis je glisse sur les pavés irréguliers des ruelles anciennes de Poissy, aux premières pâleurs. Puis je monte des escaliers, et au sommet, tandis que Victor Hugo va vers Harfleur, ma vue (du dedans et dehors) s'étire sur la plaine qui coule vers la Seine. Toute la journée je me souviens que j'ai volé aux bras parapente d'un homme.

 

Rédigé par Métie Navajo

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