soirs et matins portugais

Publié le 27 Juin 2012

Le soir est angoissé par les parties de football: salle comble avec les importants assis en rangs d'oignons face au grand écran et les autres debout, trois ou quatre générations de Portugais, des visages extrêmement sérieux sous des peintures rouges et vertes, et pour augmenter la chaleur terriblement moite le projecteur d'un caméraman de télé portugaise éclaire la salle aux grands moments de chants et de cris... César ne chante pas, ne crie pas, les yeux fixés sur les images avec ses mains posées sur la bouche, dans lesquelles il cache parfois tout son visage... Il m'est arrivé de passer dans la rue une heure après la fin d'une partie perdue, et de devoir consoler de quelques bises, en bonne Santa Maria de la Super Bock, César et deux ou trois autres éperdus de douleur.

 

Les matins sont calmes. J'arrive, deux habitués au comptoir, Paulo en fond de salle à déjeuner de son couscous quotidien, se lève pour venir me serrer la main, me demande ce que je veux. Et s'adresse au m'sieu rougeaud à côté de moi :

 

- Eu sonhei com esta chica!

 

Le type rit, et moi aussi.

 

Le type :  Tu as compris?

 

Moi :  Oui, je crois...

 

Paulo : Mais oui ma petite, j'ai rêvé de toi!

 

Moi : Ah bon... (j'hésite à questionner davantage) (et puis je le fais) C'était un joli rêve?

 

Paulo : Tu étais ici, au café, comme tu es là maintenant... et il finit en portugais, cette fois je ne comprends pas bien. Le type se marre.

 

Moi : Quoi?

 

Paulo : Tu venais comme ça prendre ton café... et tu partais sans payer!

 

Silence. Je médite sur le fascinant travail de l'inconscient.

 

Paulo insiste : Oui chica, c'était comme je te dis...

 

Moi : Tu sais bien que je ne ferais jamais ça Paulo (bon, presque jamais, comme toute habituée, il m'arrive d'oublier de payer)

 

Paulo : Sem pagar... Il soupire et secoue la tête de dépit, visiblement encore sous le choc.

 

Moi : C'était un cauchemar Paulo...

 

Et je mets vite le prix approximatif du café sur le comptoir, avant qu'il ne me demande d'en payer deux, qui sait combien peut coûter un café rêvé par Paulo...

 

 

 

Rédigé par Métie Navajo

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article