chemins de terre et de mer

Publié le 18 Juillet 2009

 

Matin vent soleil : sortir, courir... Madame de Montsouris est toute décoiffée de ses ébats avec le vent, sens dessus dessous de pétales feuilles et morceaux de branches sur les gazons bien tenus... Je cours et courant ébullition des pensées, digestion, infusion... je cours vers moi, hors de la succession, dans  le moment qui s'épaissit d'autres petites courses, blancheur éclatante des rues d'Oaxaca déjà écrasées de soleil, matins d'avant le départ au Cambodge, je cours aussi les calanques marseillaises...  Mais pas seulement, et bien d’autres choses…

 

Il y a la joie des chroniques d'ailleurs oranges comme le Mexique,  des personnes et des histoires rencontrées la veille. Elle pense : "Anatole Durruti Dolgoff", et ce nom devient sourire... Le fils d'un peintre en bâtiment traducteur de Bakounine, enfant qui à 14 ans fugue jusqu'en Chine (partant du ghetto juif de New York, passant par la Californie, au charbon sur le bateau... (Arrêtons-nous un instant, imaginons le voyage...)

Traversée de la misère d'un monde infiniment plus ouvert…

 

Autre grand coeur  : le géologue allemand a consacré les dix dernières années à promener Abel Paz d'un pays l'autre, que sa grande histoire de petit homme s'écoute à travers toute l'Europe...

 

A elle lui demande : "So... where do your... hum... anarchist "affinities" come from...?".

 

Se débarassant de la question d'une pirouette comme elle sait si bien faire (un pas de côté...) : I guess I got lost... Il ne sourit que par politesse; mais c'est vrai...

Quand était-elle sortie du droit chemin...  et où, au Mexique? Que non... Bien avant déjà elle avait quitté le frayé familial... lui reviennent des scènes anciennes,  plates conversations politiques où elle s'entendait dire par des gens très bien : 

Tsss... Mais toi tu ne crois pas en L'Etat (pas faute d'avoir essayé pourtant... )...


Et avant... le jardin de voleurs de Céline, le phalanstère...?

Et avant... le juge du Tribunal d'Instance à qui il fallait supplier le papier prison nationale... (et l'attendre si longtemps) ?

Et avant...

 

(L'histoire de la gitane feu follets?) (les pancakes aux larmes américaines?)

(les ancêtres qui abordent Libertalia non comme pirates mais comme futurs vendeurs de vanille?)


Courant dans le moment approfondi, elle pense : généalogie de mon anarchisme (mais ça c'est seulement pour embêter la terroro-police, car en vérité il faut entendre : généalogie de ma liberté...)

 

La petite bande marche du Père Lachaise aux cascades, sous les petites averses de rayons et de pluie, lumière dorée qui tombe en gouttes sur la conversation... : Kafka, le désastre urbain, la liberté d'un camping-car, l'Histoire française de France, la révolution espagnole, les métamorphoses... (croisant la rue des Panoyaux elle sourit en pensant à un autre coeur très généreux, très libre, les sentiers parfois bifurquent et parfois se rejoignent... ), au bout du chemin apparaît sur des étagères l'oeuvre complète de Georges Bataille...

 

Courant lui arrive rafraîchissant le vent du large, elle se souvient avec délices : la grand voile, le spi, le gênois... elle retrouve grâce aux conseils d'une autre invisible passagère les marins pirates sur leur voilier :

 

42.55N
15.05W

 

Sont-ils pas au milieu du monde?

A regarder la petite boule noire qui figure le Jean D'Horta sur la carte, on croirait même qu'ils y sont les derniers... (Stratégie de guérilla marine sans doute...)

 

un souffle disperse anarchiquement les frontières violentes en un désordre très beau, très ordonné...

 

 

Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #l'ailleurs parisien

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