bain de mensonges historiques

Publié le 25 Juillet 2009

 La grande Histoire de France : celle qui "oublie" la Commune, recolorise Vichy, "neutralise" les tortures en Algérie en les comparant aux violences du FLN  (épongeant dans le même temps les bains de sang à Madagascar et au Cameroun, par exemple), envoie discrètement ses généraux dans les dictatures d'Amérique latine, se retire dignement du génocide au Rwanda…

- ombres qui s'agitent derrière la scène, âmes errantes dont le cri s'exténue jusqu'à nous arriver si faible, presque silence, des décennies plus tard... (histoire d'évènements) -

 

Le mensonge de l'histoire n'appartient pas seulement et inévitablement, comme il est réconfortant de le croire, au Passé. Perdue au milieu d'informations désinformations contre-informations abondamment suspectes, la vérité devient louche. Pourtant, l'irrésistible progression du fascisme pourrait-elle se faire plus ostensiblement ? Loi après loi après loi, l'espace de liberté physique et mental se réduit en peau de chagrin. Dernières réjouissances en date : le livre blanc confirmé par la loi de programmation militaire, les secrets seront de mieux en mieux gardés, et l'armée sous l'autorité d'un Intérieur qui a le coeur bien à droite aura toute latitude d'intervenir pour remettre de l'ordre partout où il en manquera... : Les ouvriers emmerdeurs qui ralentissent la production,  les dangeureux écologistes qui ne cèdent pas aux transformations génitiques du vivant, les sans-papiers qui se la ramènent encore  pour légaliser leur esclavage, les malades inconscients qui refusent les vaccinations, l'engeance anarcho-terroro-gaucho qui est à liquider de toute façon (mais qui sont-ils..?) (attention lecteur, sans doute j'en suis, sans doute tu le deviens à me lire...)


Tout ça dans le même sac : l'ennemi intérieur sera traité en ennemi extérieur, banlieues et colonies même combat ou plutôt, devrais-je dire; même sale guerre...


Question : qu'appelle t-on un régime totalitaire?

Un régime à parti unique, n'admettant pas d'opposition organisée, dans lequel l'Etat tend à confisquer la totalité des activités de la société. Etymologiquement « système tendant à la totalité, à l'unité ».


Ouf... quel soulagement! nous en sommes  loin! Regardons autour de nous, tant de joyeuses oppositions devant nos yeux ébahis, organisée sous des formes variées extrêmement diverses pour ne pas dire divisées pour ne pas dire complètement atomisées... 


Le régime totalitaire ne s'en tient pas à confisquer les activités sociales, mais aussi l'espace intime jusqu'aux plus secrets désirs de l'homme considéré du point de vue de sa valeur comme marchandise consommante et "fonctionnaire" d'une technique devenue l'essence de l'objet-monde qui l'entoure. Privé de sa pensée, de son langage (sans abri)...

Dans sa forme la plus sophistiquée, ce régime produit lui-même son ennemi, afin d'en circonscrire le territoire, de le définir et de lui dicter son action.

Rien de neuf sous le soleil: on a déjà vu  le vilain Staline et le méchant Hitler à l'oeuvre, et puis Orwell en a fait un très beau livre que certains professeurs courageux essayent encore de donner à lire à l'école et qui peut-être émeut quelques jeunes gens...  Mais la référence permanente à ces démons du passé ne sert visiblement qu'à rendre tolérable (tolérance abjecte) le retour du fascisme le plus grossier. Le plus évident.


Au fond, il n'y a pas tant de positions : ne pas voir (ll'inquiétude de la survie au quotidien); ne pas vouloir voir (l'inquiétude de l'autruche); nier (ces choses là ont déjà eu lieu elles ne peuvent pas se reproduire); accepter et s'en réjouir (propagation de la pensée fasciste en tous lieux, tous pays, toutes "classes" et milieux); se lamenter et attendre; sursauter en bête agonisante; vivre : que la joie demeure, malgré tout (avec stratégies irrégulières appropriées). 

 

Considérant l'évolution de la situation actuelle, je me laisse encore prendre à un piège pervers de l'Histoire. Face à la multiplication des signes de l'émergence décomplexé du fascisme ; je m'amuse à entrevoir "notre époque" dans quelque manuel d'histoire futur. Naturellement, suivant la pente de mon esprit bien formé (je ne me suis pas encore tout à fait défaite de ma mauvaise éducation), j'imagine un terne chapitre de style entre deux-guerres, où seront présentés   :

les facteurs socio-économiques (la crise du capitalisme et compagnie), environnementaux, politiques (la dérive vers l'autoritarisme, le retour à un ordre moral, la toute puissance du discours sécuritaire), qui, liés à la crispation identitaire (voilà les termes mêmes des manuels qui me viennent sous l'esprit), à la progression de la xénophobie et la désignation d'un bouc-émissaire (le sans papier devenant à lui tout seul l'Etranger) etc, aboutissent à l'Etat sarkozyste qui se préparait depuis longtemps déjà (qui  en vérité ne constitue qu'une sorte de reconcentration du spectacle diffus.). La plupart des pays européens suivent le même chemin. Le retour des lois raciales, concomittant à celui des milices, se fait d'abord en Italie. 


- Encart : Les séries télé, internet, la toile des télécommunications dans laquelle se prenait alors le moindre petit moucheron de pensée, avaient accéléré la prodigieuse dévastation de l'esprit dans le monde "absent".

Photographie : réciprocité des schémas mentaux. Un enfant de 3ans projeté dans le monde virtuel d'un soldat en Afghanistan  / un soldat posté à Aulnay-sous-Bois équipé de son cornershot abat les terroristes urbains (cette nouvelle acquisition de l'armée française consiste en un système articulé au bout duquel le soldat installe un pistolet automatique. Il devient donc possible de tirer tout en demeurant protégé, par exemple par un mur) -

 

Dans ce contexte, on comprend que la majorité de la population, totalement atomisée abrutie et préoccupée par sa simple survie n'ait pas pu empêcher que s'installe un Etat autoritaire qui allait se rendre responsable de ...

 

de quoi en fait? 

 

Et à ce moment de l'écriture (peu imaginative, je vous l'accorde) du chapitre du manuel, j'ai un doute... Le mauvais pli de mon esprit m'incite à penser que ceux qui écriront l'histoire future regarderont déjà le retour du totalitarisme avec les yeux de ceux qui écrivent aujourd'hui les chapitres sur 39-45... : bien-pensants déformés aux droits de l'homme et justice pour tous. Mais tout à coup je m'interroge... et si ce n'était pas le cas, si cette fois-ci le néo-fanascisme s'installait pour de bon, à la surface et en profondeur....?

 

Brrr...


J'ai beau pensé qu'il a a toujours été là, en arrière-plan, écrivant les scénarios des massacres, le voir s'épanouir sur le devant du monde, victoire totale du faux dans le faux, sans qu'il reste même un socialo correct pour dire ce n'est pas bien de faire ça au vu de tous...

 



J'ai eu tort de céder au temps historique, fin de la navigation dans les époques, elles n'existent pas.


 

 



Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #journal parisien

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