jungle

Publié le 25 Septembre 2009

Ils ne savaient pas comment nommer une prison qui n'a pas de murs visibles.
Ils prononcèrent : "JUNGLE" cherchant à massacrer d'un même mouvement articulatoire un mot et l'espace qui s'en échappe, sauvage.

Ils dirent JUNGLE comme ils auraient dit PRISON. Pour cela logiquement ils formulèrent la volonté de DEMANTELER LA JUNGLE.

Démanteler la jungle...

Et c'est drôle, parce que nommant ainsi ce lieu, où convergaient les seuls êtres qui, maudits par de pauvres dieux robots, se laissaient porter par le souffle de la liberté - par dessus dessous les cloisons - ils s'avouaient vaincus. Ils avaient dit  : JUNGLE parce qu'ils ne savaient plus penser autre chose que des cellules dont ils étaient les valeureux gardes-chiourmes, mais de quel côté se trouvaient-ils?

(il n'y avait plus de côté)

Ils dirent JUNGLE, et au milieu du désatre la jungle apparut, contre laquelle ils ne savaient que faire: comme d'habitude ils voulurent raser,  massacrer, détruire. Mais la jungle s'étendit en dehors des "limites" jusqu'à engloutir l'univers.

Pauvres crétins.

En prononçant JUNGLE, ils avaient prononcé leur défaite, qui n'est pas dans le temps, mais de tous temps.

Rédigé par Métie Navajo

Publié dans #journal parisien

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